* L’histoire des Centres Sociaux par Robert Durand
Le Centre Social apparaît à la fin du XIXème siècle, en même temps que le social, c’est à dire l’ensemble des réponses (droit social, assurances sociales, logement social…) à « la question sociale », nom donné au problème posé par le caractère insupportable des conditions de vie et du statut du monde des travailleurs dans la société industrielle en plein développement.
L’ancêtre des Centres Sociaux est le « settlement » inventé par des philanthropes anglais dans les années 1880. Très vite des initiatives semblables sont prises en France et dans les autres pays industrialisés. Le « settlement », la « maison sociale », la « résidence sociale » ou le « centre social », c’est une maison commune implantée dans un quartier, où les pionniers du travail social s’établissent pour aider les habitants, les familles ouvrières, à développer les activités et services nécessaires à la vie quotidienne (problèmes de santé, garde d’enfants, activités périscolaires, activités ménagères, éducation physique, loisirs, éducation des adultes, vie sociale…) dans un esprit de solidarité et de responsabilité partagée.
Les premiers promoteurs des Centres Sociaux français créent une Fédération Nationale en 1922 en même temps que se tient à Londres le premier congrès de la Fédération Internationale des Settlements. Mais les Centres Sociaux restent peu nombreux en France entre les deux guerres. Le véritable développement a lieu à partir des années 50, en lien avec l’apparition des grands ensembles et la transformation des conditions de vie du monde rural. Le Centre Social, qui jusque là a vécu pour l’essentiel de la charité privée, bénéfice dans cette nouvelle phase, de financements émanant des organismes de sécurité sociale (C.A.F. et M.S.A.), de l’État, des collectivités locales, de promoteurs du logement social et des usagers eux-mêmes.
Les C.A.F, en particulier reconnaissent dans le Centre Social le pivot d’une action sociale familiale. Elles gèrent directement certains centres sociaux. D’autres sont gérés par la Mutualité Sociale Agricole, des municipalités, des bureaux d’Aide Sociale. Néanmoins, la plupart des centres sont gérés par des associations d’habitants ou par des associations regroupant les divers partenaires.
Aujourd’hui plus que jamais, le Centre Social ; espace solidaire et convivial, dispositif d’actions de proximité ouvert sur l’ensemble des problèmes du quotidien permet à la fois l’engagement citoyen individuel et collectif des habitants et la mise en œuvre sur le terrain, des politiques publiques éducatives et sociales.
Robert DURAND Auteur de L’histoire des centres sociaux , 1996, éd. Syros
Ancien Délégué de la Fédération des Centres Sociaux de France, ancien Administrateur de la Fédération des Centres Sociaux de L’Essonne de 1996 à 2007 qui nous a quitté en janvier 2009.
* Brève histoire des Centres Sociaux par l’Association Mémoires Vives – Centres Sociaux
Les premiers Centres Sociaux sont nés à la fin du 19e siècle dans la banlieue de Londres, à l’initiative de jeunes universitaires et de pasteurs. Etablis dans les quartiers du prolétariat industriel, leur nom de settlements indique une volonté d’installation durable. Très vite, des initiatives semblables se multiplient aux États-Unis puis en Europe.
En France, l’Œuvre sociale de Popincourt à Paris (1896), les Maisons sociales et les Résidences sociales appliquent les mêmes principes : implantation locale, prise en compte des situations et contextes, approche généraliste et collective, démarche participative, prise de responsabilités, respect des diversités, neutralité religieuse et politique. La Résidence sociale de Levallois Perret, dans la banlieue parisienne, devient la référence de ce mode d’action sociale avec, à sa tête, Marie-Jeanne Bassot (1876-1935).
En 1922, une vingtaine d’établissements se regroupent pour créer la Fédération des Centres Sociaux de France. Celle-ci précise l’identité commune, favorise la création de nouveaux centres. Ceux-ci connaissent à partir des années 1950 leur véritable essor, lié au phénomène des grands ensembles, à la mutation du monde rural, au développement de la politique familiale. La Fédération nationale soutient la création d’une quarantaine de fédérations locales qui animent et développent un véritable réseau.
Dans les années 60-70, avec la croissance économique, les centres sociaux deviennent socioculturels. A partir des années 80, la récession économique et le chômage massif engagent les centres vers l’insertion sociale. Aujourd’hui, le Centre social est acteur du développement social des personnes, des familles et des territoires. Plus de 2000 centres sociaux sont agréés par les Caisses d’Allocations familiales sur la base d’un contrat de projet.
Texte élaboré en 2009 pour la plaquette de présentation de Mémoires Vives-Centres sociaux (MVCS) intitulée « D’où vient demain ? Les centres sociaux cherchent leur histoire » et mis à disposition des fédérations et des centres sociaux, écrit par Henri COLOMBANI et Jacques ELOY